The Enemy Within | Série TV

The Enemy Within aura eu une vie très courte sur NBC. Lancée le 25 février 2019, elle a été annulée le 30 mai, à peine 10 jours après la diffusion de l'épisode final de la première - et désormais unique - saison. Cette condamnation est-elle justifiée ?

Un pitch somme toute assez classique...

La série est principalement axée sur deux personnages. Erica Shepherd est ex-directrice adjointe de la CIA. Elle a été arrêtée pour trahison et condamnée à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Will Keaton est un agent du FBI. Il est affecté à la chasse à l'homme d'un dangereux terroriste nommé Tal, ancien agent russe responsable de nombreux attentats perpétrés contre les Etats-Unis.

Pour les actes qu'elle a commis, Erica est l'une des personnes les plus détestées aux Etats-Unis. L'agent Keaton a lui-même toutes les raisons de la haïr, puisqu'elle est responsable de la mort de sa fiancée. Pourtant, il la fait sortir de la prison de haute sécurité où elle est enfermée au Colorado, en isolement total depuis trois ans, pour la transférer à Washington dans une cellule spartiate proche de son bureau, afin de collaborer avec elle pour mettre Tal hors d'état de nuire.

...mais la série a d'autres facettes intéressantes

The Enemy Within n'est pas une simple histoire d'espionnage, c'est aussi une série humaine où on nous amène petit à petit à découvrir qui est réellement Erica Shepherd et quelles sont les raisons qui l'ont amenée à trahir ses collègues, ses amis et son pays. Les fils de sa vie se dénouent progressivement à mesure que Will Keaton discute avec sa coéquipière improbable. L'exploitation de leur relation et la façon dont elle se construit est très bien rendue. L'autre aspect humain s'ancre sur une jeune adolescente, Hannah, la fille d'Erica. Sa mère est une traître mais c'est aussi et avant tout sa maman. Les sentiments et les dialogues mère-fille, le regard que pose l'agent Keaton sur Hannah et sur le lien qui unit la mère et la fille, sont des éléments qui apportent une autre dimension à la série.

Jennifer Carpenter excelle dans son rôle

La série n'aurait pas le même impact sans le jeu d'actrice absolument remarquable de Jennifer Carpenter (Dexter). Erica Shepherd était une agent de la CIA hors pair, capable de décrypter les codes les plus ardus et possédant des capacités très développées de profiler. Ses regards et ses expressions faciales sont frappants. Elle interprète son personnage avec brio, sa performance est incroyable qu'Erica soit en mode analytique en train d'investiguer, ou en mode émotionnel auprès d'Hannah (jouée par la jeune actrice encore débutante Sophia Gennusa).

Morris Chesnut (Nurse Jackie, Rosewood) apporte quant à lui sa haute stature à Will Keaton, dans ce rôle d'agent du FBI intègre à qui on a envie de faire confiance. Raza Jaffrey (Code Black, Lost in Space) tire également très bien son épingle du jeu avec le personnage de Daniel Zain, agent spécialisé dans les interrogatoires au FBI. Son amitié indéfectible avec Will donne lieu à de belles scènes.

Le casting est complété par Killi Garner (Pan Am), Noah Mills (The Brave) et Cassandra Freeman (Luke Cage) qui jouent trois agents du FBI, membres de l'équipe de Will Keaton. On notera aussi la présence de Noah Bean, acteur bien connu des fans de Nikita. Il incarne Christopher Shepherd, l'ex-mari d'Erica et le père d'Hannah, mais de manière assez décevante, il fait plutôt de la figuration alors qu'il est crédité dans 4 épisodes.

Ira, ira pas ?

Comme à chaque fois qu'une série est annulée après une seule saison, on se pose deux questions. Est-ce que ça vaut le coup de s'y lancer ? Est-ce que l'annulation était justifiée ?

The Enemy Within a un bon rythme, elle explore les points importants et vous ne vous sentirez pas trahis en arrivant au dernier épisode car l'intrigue principale est bouclée. Certes, une porte a été laissée entre-ouverte si jamais une saison 2 était commandée, mais il est facile de la refermer en oubliant l'aveu qui est fait dans les dernières minutes et qui n'apporte rien à la saison 1. Vous n'aurez qu'à considérer que c'était du bluff ! Poursuivre la série avec une deuxième saison n'aurait pas été nécessairement un choix judicieux. L'évolution du personnage d'Erica était difficilement envisageable sans perdre de la crédibilité, et l'autre risque était de s'enliser ou de tourner en rond. La série est donc finalement bien calibrée avec cette unique saison de 13 épisodes.