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L'aigle volé
400 ans après avoir chassé de la ville le dernier roi,
la république de Rome gouverne de nombreuses nations, mais ne peut se gouverner elle-même.
La ville est constamment agitée par des conflits entre la plèbe et la noblesse.
Le pouvoir est partagé et l'ordre maintenu par deux soldats, de vieux amis Gnaeus Pompée Magnus et Gaius Julius César.
Autrefois, Pompée était reconnu par tous pour être le plus grand des deux, mais depuis les huit dernières années,
pendant que Pompée maintenait la paix dans Rome, César s'est lancé dans une guerre de conquête en Gaule qui l'a rendu encore plus riche et populaire.
La balance du pouvoir s'incline de l'autre côté, et la noblesse est devenue craintive.
Bien qu'appartenant lui-même à la noblesse, César est favorable à la plèbe.Un homme tel que lui, un aristocrate avec des soldats, de l'argent
et l'amour du peuple, pourrait se faire roi.
*-*-*-*-*-*-*-*
Au combat.
Vorenus :
Pullo, formation ! Pullo ! Une seule formation !Boucliers sur moi !
Retourne en formation, abruti d'ivrogne. Reformation !
Au camp des soldats.
Soldat :
Le légionnaire Titus Pullo est un héros de la 13e légion, mais regardez-le maintenant.
La justice frappe tous les hommes. Il a commis un terrible sacrilège, et il le paiera de sa vie !
Ainsi que quiconque ici enfreindra la loi. Les bagarreurs et les ivrognes seront fouettés. Les voleurs seront étranglés. Les déserteurs seront crucifiés.
Pullo :
C'est tout ? Je commençais à peine à m'amuser.
Plus tard.
Soldat :
Devant toi... Vercingétorix, fils de Celtil, chef de la tribu des Arvernes, commandant du bastion rebelle d'Alésia, roi de toutes les Gaules.
Que décideras-tu pour lui ?
Soldats :
César !
César !
César ! César ! César !
Pullo, enfermé.
Hé ! Qu'est-ce qu'il se passe ?
Hé ! Ici !
Buveurs de pisse, fils d'un cirque de putes !
Autre prisonnier.
Le chef des Gaules s'est rendu à César.
La guerre est finie.
Pullo.
Ne dis pas ça.
Prisonnier.
Les gars ont reçu deux jours de liberté pour piller la ville et prendre leurs propres trophées.
Pullo.
Ils vont tous être riches. Et moi je suis ici !
Au camp des soldats.
Soldat
Allez, monte là-dedans !
Posca
400 deniers ? Tu es fou ?
Marchand 1
Je ne peux pas descendre.
On paiera la prime habituelle pour les marchands, les femmes fécondes, et tout le reste.
Messager
De la part de Pompée Magnus, chef.
César
Monte ton prix à huit.
"Mon cher ami et allié, Gaius, j'ai de terribles nouvelles."
Flash back chez Pompée.
Julia, fille de César.
Pardonne-moi.
Pompée
Je te pardonne.
Je te pardonne.
Julia
Sois bon envers mes esclaves.
Pompée
Je le serai.
Julia
Et envers mon père.
Pompée
Je le serai.
Julia
Embrasse-moi. Tes cheveux. C'est amusant.
Camp romain.
Posca
Ce ne sont pas des paysans bouseux de l'Est. C'est la crème des nations gauloises.
Marchand 1
En surabondance sur le marché.
Tu ne pourras pas t'en débarrasser.
Sept, et contente-toi-en. Livrés à Massilia ?
Posca
Voyons ! D'accord. Règle les détails.
Marc-Antoine
J'espère que tu as obtenu un bon prix de ces parasites.
César
Assez bon.
Marc-Antoine
Des nouvelles de Rome ?
César
Une lettre de Pompée. Ma fille Julia est morte en couches.
Marc-Antoine
Je partage ta peine. L'enfant ?
César
Une fille. Morte-née.
Marc-Antoine
Il va falloir à Pompée une nouvelle femme.
A Rome.
La foule
César ! César ! César !
Marc-Antoine
Plus de trophées de César de Gaule.
La foule
César ! César !
Un sénateur (Scipion)
Quel vacarme terrible fait la plèbe quand elle est heureuse !
Un autre sénateur (Caton)
C'est de la musique. Attends que César commence à les faire hurler pour réclamer notre sang. Là tu entendras quelque chose de terrible.
Le crieur public
Une bonne récompense est offerte pour le retour d'une esclave, volée ou en fuite, appartenant à la maison de Marius Dolabella.
Sous la protection de Pompée Magnus et de Jules César, le Sénat siège demain. Soyez-en informés ! Aucun trouble ne sera toléré.
Chez Atia.
Atia de Julii
C'était charmant, Timon. Deux étalons sont venus à Rome aujourd'hui.
Timon
Bien sûr, quelle naïveté de ma part. Tu veux le cheval
Atia de Julii
Je le veux. Mais ne sois pas ronchon maintenant. Cela n'a pas été une épreuve pour moi. J'ai toujours trouvé quelque chose
d'à la fois pervers et excitant dans les petits hommes barbus.
Vas-y, voyons, ne te cache pas, Octave.
Entre.
Ne sois pas sot.
Entre.
Atia de Julii
J'ai acheté un cheval.
Octave
Vraiment ?
Atia de Julii
Le meilleur cheval de Rome au dire de tous.
Octave
Je suis très content pour toi.
Atia de Julii
C'est un présent pour ton grand-oncle.
Je veux que tu mènes cet animal en Gaule et le lui donnes en personne.
Octave
Pourquoi ?
Atia de Julii
Eh bien, quand il rentrera à Rome, tout le monde lui fera des cadeaux. Nous devons être les premiers.
Octave
Je doute qu'il revienne à Rome bientôt. L'hostilité du Sénat l'en empêchera. Du point de vue de la loi, ce n'est pas...
Atia de Julii
S'il te plaît, ne commence pas à parler de la loi. Tu sais combien cela m'ennuie.
Octave
C'est un long voyage jusqu'en Gaule.
Atia de Julii
Exact. Et pourtant, bien que tout jeune garçon, tu risquerais ta vie pour honorer ton grand-oncle bien-aimé. Tu iras dans le camp de César,
seul, sur un noble étalon blanc. C'est un présent qu'il n'oubliera pas de si tôt.
Octave
Seul ?
Atia de Julii
Tu auras de nombreux esclaves. Tu seras parfaitement en sécurité.
Et tu rendras ta maman si fière et si heureuse.
Au Sénat
Organisateur des débats
Caton, le Sénat t'écoute.
Caton
Pompée Magnus... J'ai une question concernant ton ami et co-consul...
le favori de Vénus, Gaius Jules César. Pourquoi son siège reste-t-il vide ? Pourquoi ne rentre-t-il pas chez lui ?
Sa guerre illégale est terminée. La Gaule est depuis longtemps à genoux.
Pourquoi César garde-t-il ses courageux soldats loin de leur familles et amis ?
Depuis huit longues années, il se gorge comme un loup du sang de la Gaule, et s'enrichit ainsi monstrueusement.
Pourquoi ?
Pourquoi flatte-t-il la plèbe avec des courses et des combats et des fêtes criardes ? Pourquoi a-t-il payé les dettes
de tous les crétins immoraux qui siègent ici au Sénat ?
Pourquoi ?!
Je vais vous dire pourquoi il fait ces choses.
Il veut s'acheter une couronne.
Il veut détruire la république et gouverner Rome en tyran sanguinaire ! Voilà pourquoi !
Par conséquent, je propose de mettre immédiatement un terme à la charge de César de gouverneur en Gaule, de dissoudre ses armées
et de le rappeler à Rome pour répondre aux accusations de guerre illégale, vol, corruption et trahison !
Pompée
Très bien, Caton.
Plein de brio et de verve, comme d'habitude.
César a été généreux envers le peuple parce que, comme moi, il aime le peuple.
C'est le peuple qui gouverne, et pas vous, de la grande aristocratie.
Caton
Ce sont les soldats de Pompée qui gouvernent, et pas nous, de la grande aristocratie.
Pompée
Je vais nous épargner à tous à des heures de vociférations inutiles et user de mon droit de veto consulaire sur ta motion.
Oui !
Je ne...
Je ne...
Silence !
Cicéron
Sommes-nous des enfants ?
Laissons le consul parler.
Merci, Cicéron. Je ne...
Cicéron
Toutefois... si je peux dire quelques mots avant que tu ne continues... Lorsqu'on est face à un loup affamé,
il est malavisé de donner des coups d'aiguillon à la bête, comme Caton nous l'aurait fait faire.
Mais il est tout aussi mal avisé d'imaginer que l'animal qui montre les dents et gronde est un ami et de lui offrir sa main comme Pompée le fait.
Peut-être que toi, tu nous ferais grimper dans un arbre.
Pompée
César est mon frère par un serment sacré.
Je connais son coeur.
C'est mon ami et un fils loyal de la République. Et jusqu'à ce que quelqu'un prouve qu'il ne l'est pas,
je ne le trahirai jamais.
A une représentation théâtrale en plein air
Caton
Pompée Magnus, mon cher ami,
quelle heureuse rencontre.
Pompée
Scipion, Caton. Je ne vous aurais pas crus amateurs de mime.
Un sénateur
Tu connais ma fille, Cornélia. Veuve du noble Publius, mort à Carres*.
Pompée
Cornélia, ton mari était un bon Romain.
Cornélia
Merci. Père, ma présence n'est pas appropriée. Il y a une femme dépravée sur scène.
Un sénateur
Je ne l'avais pas remarquée.
Nous ne nous attarderons pas alors.
Pompée, bonne soirée.
Caton
Si tu n'y vois pas d'inconvénients, pourrions-nous parler en tête-à-tête ?
Nous, l'aristocratie seule, pas plus que toi et tes soldats seuls, ne pouvons écraser César.
Pompée
Arrête-toi là.
Caton
Je ne dis pas que tu souhaites écraser César, je dis seulement que si tu le désirais, tu ne pourrais pas le faire tout seul.
Pompée
Je n'ai pas besoin de la noblesse. Je n'ai qu'à taper du pied et des légions se dresseront dans toute l'Italie !
Je peux aplatir César comme un insecte si je désirais qu'il en soit ainsi.
Mais je ne le désire pas.
Caton
Renie-le, Pompée !
Pompée
Renie César !
Caton
Fais alliance avec nous, et sa force s'évanouira. C'est toi le véritable pouvoir.
C'est toi que le peuple aime vraiment. Crois-tu qu'ils crieront encore le nom de César quand il sera à court des colifichets gaulois qu'il leur lance ?
Pompée
Crois-tu que je me soucie des noms que l'on crie dans les rues ? Rien n'est plus important. Tu me demandes de trahir ouvertement un ami. Je ne peux pas le faire. Bonne nuit.
Chez Atia, le lendemain
Octavia
Mon idiot de petit frère. Tout se passera bien.
Atia
N'est-il pas parfait ? Un vrai petit soldat.
Octavia
Il a peur.
Atia
C'est absurde. Les Romains n'ont jamais peur. Il est simplement triste de quitter sa maman.
Tu n'as pas peur, n'est-ce pas, Octave ?
Bien sûr que non. Le temps passe.
Embrasse-moi, mon chéri.
Andros. Ramène-le-moi sain et sauf ou j'utiliserai les yeux de tes enfants comme collier de perles.
Chez Pompée
Pompée
Lyco, le cheval...
Pas trop cher, j'espère.
Lyco
Je suis désolé, maître, le cheval était déjà vendu. A Atia de la famille des Julii.
Pompée
Atia ?
Lyco
Elle l'envoie en Gaule. Un cadeau pour César.
Pompée
Qu'il crève ! Doit-il avoir tout ?
Puisque tu devais aller en Gaule de toute façon, je pourrais faire d'une pierre deux coups.
Au camp de César en Gaule
César
Laisse-moi te regarder.
Brutus
Aussi laid qu'avant, j'en ai peur.
César
Pas du tout.
Vieillir te va bien, Brutus.
Brutus
Combien de temps cela fait ?
César
Cinq ans ?
Non, six.
Brutus
Astucieux. C'est presque comme une véritable maison.
Je suis profondément attristé par ton deuil.
Julia et ce qui a suivi. Une histoire terrible.
Sincères condoléances.
César
Alors dis-moi, comment va ta mère ?
Brutus
Egale à elle-même. Elle t'envoie son amour, exige de savoir pourquoi tu ne lui as pas écrit depuis des mois.
César
Je peux y remédier si tu es mon messager. J'ai plusieurs lettres à envoyer.
Brutus
Si toutefois je parviens à me procurer un autre cheval. Je n'avais pas réalisé que la Gaule était si loin.
Marc-Antoine
Brutus, mon vieil ami... Qu'est-ce qui peut bien t'amener ici ?
Brutus
Marc Antoine, quel plaisir.
Je suis allé rendre visite à mon cousin à Narbonne.
Marc-Antoine
Comment va ton imbécile de cousin ?
Brutus
Il allait...
Marc-Antoine
En fait, désolé, je suis un peu pressé.J'ai besoin, disons, d'un demi-talent or.
César
Ah bon ?
Marc-Antoine
Tu as vu comme il me fait confiance.
Pour l'aigle.
César
Bien sûr. Strabon ! Donne à son excellence Marc Antoine un demi-talent or.
Un demi-talent or. Et pas un as de plus.
Strabon
Dominus.
Brutus
Je ne sais pas comment tu supportes cet homme.
César
Il aime se battre.
Brutus
A ses manières, on pourrait penser qu'il vient d'une famille de rien.
Il a un côté vulgaire.
César
Je m'en moque.
Brutus
Quelle est cette histoire d'aigle ?
César
Mon étendard personnel a été volé par des brigands.
Une sale affaire.
Les légions avaient déjà le mal du pays et étaient rétives quand l'aigle a été volée, maintenant elles sont clairement au bord de la mutinerie.
Les hommes pensent que c'est un présage certain de ma perte et ils réclament à grands cris la dissolution comme des oies.
Brutus
Ils ne semblaient pas si mécontents.
César
Ils n'affichent jamais leur mécontentement. Ils seraient fouettés. Je te le dis, Brutus, Je ne sais plus que faire.
Sur la route vers le Gaule
Andros
Maître Octave...
Vasio n'est plus qu'à quelques miles.
Octave
Ne me touche pas sans ma permission. De l'eau.
En Gaule, au camp de César
Marc-Antoine
Lucius Vorenus. Tu as une cervelle. Du moins aux dires du tribun.
Alors dis-moi, si c'était toi qui devais récupérer l'aigle de César, comment t'y prendrais-tu ?
Vorenus
Je prendrais des prisonniers de chaque tribu en Gaule et les crucifierais un par un jusqu'à ce quelqu'un me dise où est l'aigle.
Et puis, rapidement et sûrement avec un homme ou deux j'irais le revoler.
Marc-Antoine
Bien.Nous sommes du même avis. Fais-le.
Vorenus
Le faire, chef ?
Marc-Antoine
Je crois qu'il y a un détachement spécialisé dans la torture avec la troisième légion, mais tu peux choisir tes propres hommes si tu le souhaites.
Il y a là un quart de talent, pour les pots-de-vin et le reste. Dépense-le à bon escient.
Vorenus
Oui, chef.
Camp romain de César
Gaulois, crucifié
Non ! S'il vous plaît ! Laissez-moi descendre ! Laissez-moi descendre !
Laissez-moi descendre ! Je sais...
Je sais où est l'aigle.
Vorenus
Parle.
Gaulois
Les Hispaniens* bleus, ils sont venus passer la nuit... et puis sont partis sur le territoire des Cadurci.*
S'il vous plaît ! S'il vous plaît ! Laissez-moi descendre !
Vorenus
Les Cadurci. Le sort m'en veut.
Gaulois
S'il vous plaît, laissez-moi descendre !
Vorenus
Faites-le descendre.
Dans le cachot de Pullo
Pullo
Forculus, si c'est bien toi le dieu qui s'occupe de ce genre d'affaires, je t'invoque pour que tu m'aides.
Si tu ouvres cette porte, je te sacrifierai un bel agneau blanc,ou bien, à défaut, si je ne pouvais pas en trouver
un bien à un prix décent, six pigeons.
Cela, Forculus, je te le jure.
Soldat
Légionnaire Titus Pullo, debout.
Pullo
Que fait-il ici ?
Soldat
Tu vas être libéré sur ordre du centurion de la deuxième compagnie des hastats*, Lucius Vorenus.
Satisfais-le en faisant ton devoir, et tu échapperas à la condamnation dans l'arène.
Pullo
Je ne me tiendrai même pas à côté de ce connard de merde, bien moins encore servir sous ses ordres.
Je reste ici, merci beaucoup.
Soldat
Ces ordres viennent directement de son excellence Marc Antoine en personne.
Vorenus
Tu vas récupérer l'aigle de César.
Pullo
Moi ? Récupérer l'aigle de César ?
Chez Servilia de Junii à Rome
Servilia
Brutus ?
Brutus
Maman ! Tu n'as pas idée combien il est bon de rentrer à la maison.
Servilia
Tu es aussi marron qu'une fève.
Brutus
Ça me donne I'air typique du soldat.
Servilia
En effet, c'est le cas. Comment va le cousin Marcellus ?
Brutus
Assommant mais en forme.
Servilia
Et César ?
Brutus
Qui ?
Servilia
Ne sois pas cruel. Va-t-il bien ? A-t-il demandé de mes nouvelles ?
Brutus
A-t-il demandé ?Je n'arrive pas à m'en rappeler.
Servilia
Je ne crois pas.
Brutus
Mais il t'a écrit une lettre.
Servilia
Tu es insensible.
"Très chère Servilia, pardonne mon long silence.
Ces derniers longs mois n'ont été que sang, fer et boue, et pas un instant pour des lettres à des amis.
Sois certaine que j'ai pensé à toi
avec une grande affection. J'ai hâte de me retrouver seul avec toi."
Servante
"Grande affection." "Hâte de se retrouver seul avec toi". Tu crois qu'il dit de telles choses à sa femme ?
Servilia
"Affection" ? Qu'est-ce que c'est ? Il n'a pas pu dire "amour."
Servante
Voudrais-tu qu'il prenne une harpe ? C'est un soldat, pas un poète.
Le jour baisse. Nos invités vont arriver.
En Gaule
Pullo
Tu montes bien. Presque aussi bien que moi.
Vorenus
Pullo, adresse-toi à moi correctement.
Pullo
Presque aussi bien que moi, chef.
Je suis un enfant naturel. Mon père était probablement un Ubien*.
Où as-tu appris à monter si bien ?
Vorenus
...
Pullo
Comme tu veux.J'essayais juste d'être aimable.
Vorenus
La famille de ma mère élevait des chevaux à Mutina*.
Pullo
Mutina, près de Regium ? Vers là-haut ?
Vorenus
Là-haut.
Pullo
Une belle région.
Merci, chef, de m'avoir choisi pour cette mission.
Vorenus
Une façon honorable de te racheter.
Pullo
Me racheter ? De m'avoir mis dans cette merde en m'insultant.
Vorenus
N'y pensons plus.
Pullo
Jamais. Je ne l'oublierai pas. Titus Pullo n'oublie jamais une faveur.
Quelles chances crois-tu que nous ayons de trouver l'aigle ?
La 13e n'échoue jamais, non ?
Vorenus
Peu ou pas de chances. L'aigle peut être n'importe où. Enterrée, fondue, envoyée au fond de la mer.
Nous cherchons une aiguille dans une meule de foin.
Et ne pas trouver l'aigle, c'est tout comme la perdre. Nous serons disgraciés.
Alors je te choisis parce que tu es déjà disgracié et condamné à mort.
Pullo
Alors tu ne te rachetais pas du tout ?
Vorenus
Pullo, concrètement, tu es déjà mort.
La perte d'un crétin d'ivrogne lèse peu la légion.
Pullo
Si je suis déjà mort, chef, tu devrais faire attention à la façon dont tu me parles.
Si je n'ai rien à perdre, qu'est-ce qui m'empêche de te tailler en menus morceaux et de m'enfuir à cheval, hein ?
Qu'est-ce qui m'en empêche, chef ?
Vorenus
Eh bien, si ton honneur de soldat de la 13e légion ne suffit pas,
je devrais compter sur la supériorité de mes capacités au combat.
Pullo
Supériorité des capacités au combat ?
Chez Servilia
Très bien.
Et bien sûr, vous devez imaginer des cheveux longs jusque là, des moustaches énormes, la plus terrible des puanteurs.
Ils ne mangent que de la viande crue et ne se lavent jamais.
Ils ont une coutume admirable.
Ils résolvent leurs querelles politiques
par un duel à mort.
Excellente idée. N'est-ce pas ?
Mère n'arrête pas de me pousser à m'occuper des affaires politiques.
Eh bien, c'est notre tradition familiale et notre devoir depuis... 500 ans.
C'est une chose d'un ennui si mortel. Mais tu vois, si notre Sénat gérait les affaires à la façon des Germains,
j'irais probablement y jeter un oeil.
Ouais, pas de poursuites judiciaires assommantes ni de débats qui n'en finissent pas.
Juste des épées, des poignards.
Bien plus divertissant.
Brutus, un mot. Dis-moi, tu juges bien.
Comment va mon cher ami César ?
Eh bien, il... Il a connu mieux, je crois. Très... très las, pour être honnête.
Un peu démoralisé.
César démoralisé ? Jamais.
Son étendard a été volé.
Comment a-t-il laissé une bêtise pareille lui arriver ?
Je ne sais pas mais son attitude et son tumulte à ce sujet...
Tu sais combien les plébéiens peuvent être à l'égard de ce genre de choses...
Ils désespèrent de rentrer chez eux,penchent vers la mutinerie...
J'ai entendu dire qu'il y avait quelques mécontentements mais des mutins ?
Difficile à croire.
Tu imagines ?
Après tout ce qu'il a fait pour eux,
il ne sait pas s'ils vont......continuer à se battre pour lui.
Et les classes inférieures ont un sens très très rudimentaire de la loyauté.
Sans vouloir te vexer.
Je ne fais pas allusion à toi. Tu es d'une classe inférieure, mais je voulais dire, les classes inférieures en général.
Un sens très très rudimentaire de la loyauté.
Si tu veux bien m'excuser.
"Ma chère nièce,
j'espère que les enfants et toi allez bien.
J'ai une mission pour toi.
La politique me dicte de donner à Pompée une nouvelle épouse mais je suis absent depuis trop longtemps
pour savoir quelle femme de notre famille lui conviendrait.Je demanderais bien à Calpurnia*, mais bien qu'excellente épouse,
elle n'entend rien à ce genre d'affaires. Rends-moi service et sélectionne la fille que tu estimes la plus propre à le satisfaire
et offre-la-lui en mariage en mon nom."
Excuse-moi, j'étais dans mes pensées.
César ne t'annonce pas de mauvaises nouvelles, j'espère.
Non, pas du tout. Pas du tout.
Quelle charmante réception.
Merci.
Pas aussi charmante que toi dans cette robe.
Et Octavie...Ravissante.
Eh bien, je fais de mon mieux.
Elle s'obstine à ne pas se tenir droite.
Où est Octave ?
Il est en Gaule.
La déesse-mère dit qu'il n'arrivera aucun mal à ton fils.
Bien.
Dis-moi alors, comment se porte ton mariage ? Glabius est un homme bon.
Tu m'étonnes.
J'ai toujours cru que vous aviez des difficultés.
Dois-tu toujours te montrer désobligeante ?
Je ne faisais que demander. Excuse ma curiosité.
Il y a eu des difficultés dans le passé mais nous les avons surmontées.
Nous nous aimons beaucoup.
Voilà qui est dommage.
A présent je culpabilise.
Je pensais que tu déborderais de joie.
Que veux-tu dire ?
Ton oncle Jules a l'intention de te marier à Pompée Magnus.
Oncle Jules a l'intention...
Je sais que le physique de Pompée est ingrat, mais on m'a dit qu'un c'était un amant absolument parfait.
Et tu seras la première dame de Rome.
Nous devrons te faire divorcer de Glabius,
évidemment aussi vite que possible.
Je ne le ferai pas.
J'aime mon mari.
Si tu ne divorces pas de Glabius de ton plein gré, César demandera à Glabius de divorcer.
Et Glabius refusera.
Sans aucun doute, et alors il sera tué.
Et est-ce que quelqu'un veut que cela arrive ?
César ne ferait pas ça.
Cet homme est en Gaule depuis huit ans. C'est presque une bête sauvage.
Cet homme a les larmes aux yeux. Des larmes !
Il m'aime.
Un mari efféminé n'est d'utilité pour personne.
Et tes esclaves ! Que d'histoires ! Je pense que tu les nourris trop.
Un peu plus d'arsenic, je crois, Gaia.
Essaie d'avoir l'air un petit peu plus gaie, Octavie.
C'est pour le bien de la famille.
Je m'en moque.
Toi, moi et ton frère sommes seuls au monde.
Nous devons être forts.
Nous ne sommes pas seuls. César est...
César est en Gaule. Pompée est ici.
Courage, ma chérie.
Les Parthes menaçaient mon flanc droit. Et alors, plutôt que raccourcir la ligne de bataille,
ainsi qu'il aurait été conventionnel de le faire, j'ai envoyé en avant la réserve de ma cavalerie
et pris à revers les soldats sur les flancs.
Bravo, Magnus.
Ne l'est-il pas, Octavie, magistral ?
Magistral.
Magnus, dis-moi une chose, et sois honnête.
Est-ce que ma fille te plaît ?
Beaucoup, sans aucun doute.
Alors je peux te dire que César,
en témoignage de son éternelle amitié, aimerait te l'offrir en mariage.
Elle n'est pas mariée au jeune Glabius ?
Divorcée.
Peut-ête as-tu besoin de temps pour y réfléchir.
Excuse moi. J'ai été pris au dépourvu.
Comment pourrais-je dédaigner une si louable et digne promise ?
César est beaucoup trop généreux.
Excellent.
Nous devrions attendre jusqu'au mois prochain pour une vraie cérémonie, bien sûr, quand le deuil de Julia prendra fin.
Bien sûr, bien sûr. Mais tu peux profiter de tes privilèges de fiancé quand tu le souhaites.
Maintenant, si tu le veux.
Vraiment, ce n'est pas nécessaire.
Ne sois pas sot. Octavie s'en ferait une joie.
Inutile d'être timides. Nous sommes tous dans la famille maintenant, après tout.
Les Bretonnes*...
Leur con est sauvage. Il faut les traquer comme une biche.
J'veux dire, une fois que tu les as sous toi, ça bat ta meilleure pute à Narbo.
Tu t'intéresses à autre chose qu'aux femmes ?
Qu'y a-t-il d'autre sur terre ?
La nourriture, je suppose.
Tu n'aimes pas les femmes ?
Bien sûr que si. J'en ai épousé une.
J'ai une femme, Niobé.
Je vois. Les centurions peuvent donc se marier ?
J'ai reçu une dispense spéciale.
Une dispense spéciale ?
Ce doit une bonne......femme.
En effet.
Ça fait un moment que tu ne l'as pas vue alors.
Sept ans et 140 jours.
C'est dur. Puisse la Fortune te sourire.
Moi, j'ai des goûts plus simples.
J'aime tuer mon ennemi, prendre son or, et profiter de ses femmes.
C'est tout.
A quoi bon s'attacher à une seule ? Où est la saveur ? Où est la joie ?
Pullo, quand était-ce la dernière fois
que tu as eu une femme qui ne pleurait pas ou qui voulait être payée ?
Tu prends le premier tour de garde.
Réveille-moi quand la lune sera au zénith.
Bien, chef.
Halte ! Halte !
Fils de Pluton* !
Ce n'était pas de si bons chevaux de toute façon.
Mes ancêtres ont combattu à Zama* et à Magnésie*,
Mon père chevauchait aux côtés de Sylla*,
et voilà à quoi je suis réduit.
A pied et dévalisé par des enfants.
Joli cheval.
Regarde ici, Mars*.
Regarde ici, Mars.
Je suis Titus Pullo.
Ces hommes couverts de sang sont mon cadeau pour toi.
Grâce aux dieux, vous êtes venus.Je vous suis extrêmement reconnaissant.
Ecoute-moi. Je t'ordonne de me libérer sur-le-champ.
Jolie façon de parler pour un esclave. Tu n'iras pas loin avec une telle impudence.
Je ne suis pas un esclave. Je suis Gaius Octave de la famille des Julii.
Petit-neveu de Jules César.
Gaius qui ?
Je suis un citoyen romain de noble naissance, et je t'ordonne de couper ces cordes.
Dis "s'il te plaît".
S'il te plaît.
Soyez assurés que vous serez largement récompensés pour m'avoir rendu service.
Tu vois comme il parle bien ? Il est convaincant, je le reconnais.
César prouvera qui je suis. Menez-moi à lui.
Nous ne pouvons pas encore le faire. Nous avons des ordres.
Quels ordres ?
Nous devons retrouver l'aigle volée à César.
César se soucie bien peu de son aigle. On vous a chargés d'une mission inutile.
Si César ne se soucie pas de l'aigle, pourquoi nous a-t-il envoyés la chercher ?
Cela aurait l'air étrange s'il ne faisait pas d'efforts.
En fait, la perte de l'aigle est utile à César.
Pourquoi serait-ce utile à César ?
Parce que Pompée n'est pas un grand philosophe. Il prendra une perte symboliquepour une faiblesse réelle.
Explique.
César ne veut pas frapper le premier coup contre un vieil ami, il espère donc pousser Pompée à l'attaquer le premier.
Pompée ne le fera que s'il croit César faible.
Non. Ils sont comme des frères, ces deux-là.
Quand Julia est morte,le dernier véritable lien entre eux a été coupé.
César a pris à Pompée l'amour de la plèbe, et c'était son bien le plus précieux.
Une bataille est inévitable.
Pullo.
Les Hispaniens bleus !
Bonjour, mon oncle !
Octave ?
L'un des hommes de Pompée. Je l'ai mal jugé.
Je pensais que cela aurait servi de stratégie pour qu'il se retourne contre moi mais il a dû se retourner contre moi
dès la mort de Julia.
Et tout ce temps il te défendait au Sénat.
Il est aussi rusé qu'une sardine, le pauvre imbécile.La bataille commence.
Il est temps.
Porca Juno.
"Très cher Pompée,
je crois que l'homme ci-joint t'appartient.
Un mot rapide pour te dire que j'ai décidé de faire passer l'hiver à la 13e légion plus près de chez eux, à Ravenne,
J'aurai donc bientôt le plaisir de te rendre hommage en personne."
Pompée ! Pompée !
Vous tous, voici ma nouvelle épouse, Cornélia.
Peut-être que si tu avais fait preuve d'un peu de séductionau lieu de te morfondrecomme une vieille vache engourdie,
ceci ne se serait jamais produit.
Par tous les dieux !
S'il te plaît, je parlais seulement
sous l'emprise de la colère.
Tout le monde sait qu'il s'agit d'une répudiation pour raisons politiques.
Pompée et César sont ennemis à présent.
Il suffit de regarder Cornélia. Une vieille poule maussade, plumée et bouillie.
Peut-être que Glabius me reprendra.
Nous allons te trouver quelqu'un de bien plus digne que Glabius.
J'ai été déshonorée et on m'a fait honte devant toute la ville !
Sornettes !
Une fille de bonne famille ne peut jamais être déshonorée par un scélérat de petit plébéien comme Pompée !
Non... C'est moi qui ai été tournée en ridicule. C'est moi qui ai perdu la face !
Je veux sa mort. Je veux sa mort.
Et tu l'auras. Pompée mangera du sable pour ça.
Source : seriesub.com Mise en page : nala62.
Transcript: Raceman
Traduction: Haynee
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